Abominable zénith par Paul Lussault.

Publié le par Ghis




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En cette fin du mois de mars, il est nécessaire de commenter l’échec — échec sans possibilité de camouflage du fameux « Zénith de Martine ». Cet échec majeur sert évidemment Sarkozy mais, pourrait-on dire, ce n’est pas le plus grave. En effet, l’essentiel est ailleurs : dans la conception même du PS. Le Congrès de Reims — celui de la malhonnêteté — ne pouvait produire qu’une faillite. Nous y sommes.

D'abord, Martine Aubry  ? Qui a pu penser qu’elle avait la dimension et la disponibilité de ce rôle, de cette mission ? Il y a loin de l’inauguration de la braderie de Lille au premier secrétariat du PS : il serait temps que la fédération du Nord sorte de son folklore historico-politique. Guesde est mort ! Le ch’ti fait des recettes au cinéma, mais la pensée politique n’est plus à Lille.

Revenons à Guesde un instant : il est toujours présent quant aux conceptions de l’organisation de la fédération – qui emprunte beaucoup au léninisme historique. La prééminence de la gauche de la gauche, le rôle principal du « travailleur en lutte », le tissage d’une contre-société au coeur de la société capitaliste : c’est tout cela qu’on trouve dans la vulgate aubryste...

N’oublions pas que nos camarades de la « gauche de gauche » ont un modèle — quasiment un signe, inscrit dans leur appareil génétique politique — celui du « grand PCF » qui, de 1945 à 1970, a modulé la vie et la société françaises. Ces « socialistes de gauche » ne sont cependant pas idiots. Ils ont constaté l’effondrement de l’URSS. Ils ne sont pas idiots, mais ils n’ont pas été et ne sont pas capables de penser un autre système politique démocratique et de gauche. On peut même considérer que, pour beaucoup d’entre eux, il y a antinomie entre la démocratie et la gauche (la « vraie gauche » évidemment). Comment autrement auraient-ils pu accepter les manipulations malhonnêtes du Congrès de Reims et de l’élection de la première secrétaire ? Ils les acceptent et les utilisent parce que la « vraie gauche » a raison par nature... parce qu’elle est la « vraie gauche », évidemment. Tout s’en déduit — y compris le pire tel qu’il a existé. C’est pour cela principalement que l’URSS et combien d’autres se sont effondrés. C’est pour cela que le PS aux mains de cette tendance s’effondrera. Cela a commencé au Zénith... L’affaire des listes pour les élections européennes avait déjà été un signal. On y reviendra un peu plus loin.

Quelques notes encore sur cette lamentable représentation parisienne : là encore, le modèle est celui de l’ultragauche... Le parti rassemble ses militants et ses sympathisants sur un thème mobilisateur (celui de la « Défense des libertés » a dû déjà servir vingt fois au moins). En même temps sont invitées les « associations sœurs », spécialisées dans un thème sociétal (et dirigées par ceux qui ont espoir d’être de futurs dirigeants du PS ! ), qui feront un petit discours-contrepoint de celui du chef.

Ce schéma a été suivi par Besancenot, par Mélenchon et pratiqué très souvent par le PCF historique. Mais ces partis,  eux, remplissent ou remplissaient les salles. Pas le PS aubryste !

François Lamy, le bras droit ou l’âme damnée de Martine Aubry, réunit les fédérations pour « essayer de comprendre » .

C’est évidemment de la faute des militants « qui ne s’agitent que pour les campagnes électorales » ; moi, en revanche, je considère que F. Lamy n’a rien compris. Le PS aubryste a commencé sa descente aux enfers ! C’est tout : le PS est de retour, disait Martine. Tu parles !

Puisons encore dans les mauvais souvenirs : les discours de Georges Marchais (justifiant tout et son contraire) sont dans les mémoires et les archives sonores. Eh bien ! , G. Marchais a un successeur, un fils spirituel (si l’on peut dire) : Georges-Claude-Marchais-Bartolone. J’ai écouté notre camarade au lendemain de ce Zénith : consternant de mensonges, de bêtise, de négation de l’évidence ; tout cela d’un ton monocorde inimitable. Du « Marchais », quoi !

Mais ce « Zénith », comment vouliez-vous qu’il réussît ! Il avait été précédé par ce happening du «  retour dans l’Otan ». Encore une grande question de principe pour la gauche-gauche . Encore une question dont les racines plongent dans le temps de la guerre froide. En pleine campagne pro zénithale sur « les libertés », d’un seul coup, la gauche n’a plus parlé que de l’OTAN. Problème essentiel, mais dont on peut penser qu’il était un peu oublié par nos compatriotes non spécialisés. Sarkozy avait encore agité un leurre qui a mobilisé les pétoires de la vraie gauche. Cela nous a quand même valu une photo historique (au titre du « Plan de bataille des socialistes » ) : au bureau du Groupe parlementaire, étaient réunis (de gauche à droite ! ) Fabius, Aubry, Ayrault et Jospin tout sourire. Le contrôle absolu sur le parti ! Mais qui est dupe des sourires ?  

Quant au thème du « Printemps des libertés » longuement agité au Zénith, je considère qu’il est erroné sur le fond. Au passage, je redis que cette expression a été, elle aussi, extraite de l’une des multiples manifestations communistes sur la question.
D’abord, il est évident que Sarkozy ne limite pas son exercice du pouvoir (ça, on le sait et on le savait quand, au sein du PS, certains ont tout fait pour que SarKozy soit élu ; « Non à Bayrou » égalait bien : « Oui à Sarkozy » ? Oui ou non ? Les Français savent maintenant que Sarkozy est un autocrate dont ils se méfient. Mais pour les Français, en conscience, leur pays est encore une démocratie, de plus en plus imparfaite, mais une démocratie. Les Français constatent que des mesures peu compréhensibles pour la vieille « République française » sont prises tous les jours. Mais les Français considèrent que les problèmes majeurs sont l’emploi et la diminution du pouvoir d’achat.

Les spécialistes montreront — comme depuis cinquante ans — que « les libertés » décroissent. Cela est vrai, et des actions ad hoc sont nécessaires, mais, pour les Français, « la liberté » demeure. Les libertés sont un concept politique, intellectuel et militant, là encore hérité du passé. Ce concept a permis tant de mises en cause réelles, voire totales, de « la » liberté dans tant de pays que les Français doutent. Ils n’ont sûrement pas tort.

Ils n’ont pas tort, car quand des syndicats — sérieux —, des partis — responsables — supportent ou acceptent la violation quotidienne des lois de la démocratie dans nombre d’actions syndicales (par exemple à l’Université ! ), ce ne sont pas « les libertés » qui sont en cause, mais la liberté. Je sais que la doctrine — historique — nous apprend que le travailleur en lutte doit imposer sa vision à ses camarades opprimés par le patronat ! 

Mais, outre que ce postulat s’applique mal au lycée ou à l’université, il a servi à tant de manipulations, causé tant d’erreurs et abouti à de si nombreux désastres qu’il serait — sans doute — temps de l’examiner au fond. N'est-ce pas, camarade Lamy ; n’est-ce pas, camarade Aubry qui voulez défendre la (« les ») liberté (s) ?

Il nous reste à parler d’une question : celle des élections européennes, et d’abord celle de la constitution et de l’adoption démocratiques de la liste “Centre”. J’ai reçu une lettre, à peine aimable, du camarade Weber qui me dit qu’il compte sur moi pour expliquer combien Weber est grand et pour faire une bonne campagne. Bien vu, Riton !

J’attendais que « camarade Weber » m’explique pourquoi il était devenu auvergnat. Ce n’est pourtant pas difficile. Aux élections de 2004, Weber était tête de liste dans sa grande région (il est Normand, côté Fabius...). Mais, cette fois, il n’était plus possible de la garder géographiquement car ... Lille est dans la nouvelle grande région. À Lille, existe un garçon bien sous tous les rapports, premier secrétaire fédéral du Nord ; et grand organisateur de l’heureuse modification du nombre des voix, vers deux heures du matin (pour l’élection de la première secrétaire) en faveur de Martine Aubry (se reporter à i-Télé par exemple). Ce militant exemplaire s’appelle Gilles Pargniaux. Il est devenu conseiller particulier de Martine Aubry, première secrétaire, puis tout naturellement tête de liste de la Grande Région Nord. D’où l’éviction de Weber et le vote négatif des Auvergnats. Ils n’ont pas aimé Bienvenue chez les Cht’is ? On pourrait dire : cela n’est que de la cuisine électorale. Certes, mais le parti qui s’y vautre n’est plus digne de la gauche.

Ces épisodes soulignent concrètement l’attachement du PS à la promotion de l’Europe des peuples (de gauche évidemment).




Paul Lussault,  27 mars 2009.

Ancien 1er Fédéral du PS 37.




Publié dans Les camamades du PS

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