Hollande, la victoire d'un mal jugé ! par Gaëtan Gorce.

Publié le par Ghis

 

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07/05/2012

 

J'ai montré à l'égard de F. Hollande ces dernières années suffisamment de distance et de liberté pour ne pas pouvoir être taxé de flagornerie en me risquant à le féliciter. Sa victoire n'est d'ailleurs inattendue que pour ceux qui, enfermés dans leur certitude, n'avaient cessé de le sous-estimer.

Dépourvu de l'hyper-ego qui ravage le comportement de bien des politiques, il a fait du mépris dont beaucoup l'ont entouré lorsqu'il était à la tête du parti un boomerang redoutable. Horace parmi les Curiaces, il a su se défaire un à un de ses principaux concurrents. Sans virulence, sans jamais se départir d’une courtoisie constante nuancée par un humour espiègle. Toisé par les Anciens (ministres ou Premier ministre), tancé par les Quadras, moqué par ses alliés, de tous il a finalement triomphé.

Au-delà des qualités personnelles, l'explication en est surtout politique. Elle tient d'abord à sa formidable connaissance du parti. Initialement parmi les plus féroces contempteurs des dysfonctionnements du PS (cf les trans-courants), il a su non pas les corriger mais en tirer avantage une fois parvenu à la direction. En privé, sans illusions sur les errements de l'appareil, il devait rapidement tirer la conclusion (d'où sont nés nos désaccords) que la machine était en réalité trop lourde à transformer et que s'y essayer la briserait. Là se trouve la seconde raison politique de son succès : son souci de toujours rassembler, de ne jamais commettre l'irréversible. Que l'on se rappelle à titre d'exemple l'âpre referendum européen. Exclu alors du Bureau national en mai, bien que les Français viennent de lui donner raison, Fabius est associé à la synthèse en Novembre alors que (parce que ?) il vient de perdre le Congrès. Et si nous avons été alors, pour cela, quelques-uns à le critiquer, reconnaissons-lui ce mérite (je l'ai d'ailleurs fait à la tribune de la convention nationale d'investiture de Ségolène en 2007) d'avoir su préserver notre unité.

Unité, tel est sans doute enfin le mot-clé et de sa victoire au sein du PS lors des Primaires et de son succès d'hier. François a toujours pris garde de ne pas insulter l'avenir pour ne jamais rendre impossible ce qui serait un jour nécessaire. Trop de grands fauves promis par leur coterie à ne faire qu'une bouchée du député de Corrèze ont sous-estimé la force de cette humilité. Pour ma part, qui ai au contraire toujours considéré le talent de François comme entier, c'est au nom de celui-ci que je l'ai en 2007-2008 justement contesté. Regrettant qu'il n’ait pas voulu faire de ses armes celles d'une véritable rénovation du PS, qui reste donc à opérer. La politique se jugeant aux résultats, ceux-ci viennent pour le présent de lui donner raison.

Lui qui a vaincu la malédiction qui accablait la gauche depuis 10 ans, lui que la politique inspire et enchante au quotidien. Lui, Président... là où ses qualités de rassembleur devraient faire merveille. Lui, Président... là où son obsession de l'unité, nationale cette fois, seront bien utiles. Lui, Président... là où justement face à la crise l'absence d'arrogance sera un atout sensible.

Mais en revanche, beaucoup reste à faire pour construire enfin un grand parti moderne, ouvert aux vrais débat d'idées, démocratisé, renouvelé, capable non de soutenir simplement le nouveau pouvoir mais d'aider la Gauche à son tour à changer.

Pour ne l'avoir jamais sous-estimé, pas plus que ménagé, je veux croire aujourd'hui que François voudra voir dans la transformation du parti à laquelle il rêvait dans les années 90, la meilleure façon de l'aider dans la tâche au long cours qui l'attend désormais.

 

 

 

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