Juppé, géant vert de Sarkozy.

Publié le par Ghislaine

Très attendus, les décrets d'attribution des ministères ont été publiés hier.

Par Antoine GUIRAL, Alexandra SCHWARTZBROD, Pascal VIROT


 

A chacun son périmètre de compétences.
 
Rituels après chaque changement de gouvernement, les décrets d'attribution de chaque ministre ont été publiés hier.
 
Les arbitrages définitifs ont été rendus par Nicolas Sarkozy et, dans une moindre mesure, par François Fillon. «Le Président avait une idée assez précise des attributions et du rôle de chacun par rapport à la cohérence du projet politique qu'il entend mettre en oeuvre» , assure un de ses conseillers.
 
En clair, il a pris la peine d'écouter quelques arguments mais n'a rien lâché sur les deux ministères qui doivent, à ses yeux, avoir le plus de visibilité : le «superministère» du Développement durable d'Alain Juppé et celui de l'Immigration et de l'Identité nationale de Brice Hortefeux.
 
Pour Juppé, les choses ont été réglées assez simplement. L'ex-Premier ministre a réclamé ce qu'il voulait et a quasiment tout obtenu ! En raison de sa stature et de son poids politiques, le ministre d'Etat et numéro deux du gouvernement se voit reconnaître de larges compétences, qui font de lui un passage obligé pour quasiment tous les ministres.
 
Autre homme bien doté, Brice Hortefeux. Ami de longue date de Sarkozy, le ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement a bénéficié d'un gros atout : la question de l'identité nationale et de l'immigration, comme le note un de ses proches, «a été au coeur de la campagne» de Sarkozy.
 
Enfin, les ministères économiques et sociaux sont eux aussi largement redessinés.
 
Juppé, superministre 
 
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le ministère de l'Environnement a fait un bond qualitatif et quantitatif au sein du gouvernement.
 
De ministère alibi, consacré pour l'essentiel à la défense de la biodiversité, il a été bombardé ministère de combat contre le changement climatique. Il faut dire que Juppé ne pouvait récolter moins. Après des passes d'armes avec deux ou trois de ses collègues, il a réussi à capter des secteurs aussi importants que l'énergie et les matières premières, la sécurité industrielle, les transports, l'équipement, l'urbanisme, l'aménagement et le développement du territoire et de la mer.
 
«Ce n'est pas énorme, c'est juste ce dont nous avons besoin pour mener notre action , explique, modeste, son entourage. Si on regarde la structure des gaz à effet de serre, nous avons tous les outils sous la main pour bâtir une politique de lutte efficace, à commencer par l'énergie et les transports.» 
 
Certes, Juppé aurait aimé récupérer aussi l'Agriculture mais le lobby agricole avait bien fait comprendre qu'il verrait d'un très mauvais oeil la disparition de son ministère.
 
Il se console donc avec l'aménagement foncier et rural, un concept un peu flou qui donnera sans doute matière à de nombreux frottements avec son homologue de l'Agriculture, Christine Lagarde. «On sera de toute façon obligés d'avoir une approche coordonnée avec les autres ministères» , assure un responsable de son cabinet. «Ce nouveau ministère va être un petit laboratoire de la réforme de l'Etat» , dit-on, en toute humilité, dans son entourage.
 
Les nouveaux pouvoirs d'Hortefeux
 
Les débats sur les contours du ministère de l'Immigration ont été serrés puisqu'il ampute celui des Affaires étrangères du dossier de l'asile et de son agence, l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et des apatrides).
 
Dans l'esprit de Sarkozy, il allait de soi que cette question relevait de l'immigration mais il ne fallait surtout pas braquer Bernard Kouchner.
 
L'ex-socialiste ne s'est pas montré farouche.
 
Contre cet encombrant dossier de l'asile, il a négocié de conserver la haute main sur la plus grande partie du budget de la coopération (2 milliards de budget et trois mille fonctionnaires).
 
Mais il laisse à Hortefeux l'ambassadeur chargé du codéveloppement, le partage de l'Agence française du développement et de la tutelle sur la délivrance des visas.
 
Avec ce «Yalta» gouvernemental, il a aussi obtenu de disposer de la Police aux frontières (PAF), qui reste néanmoins sous la tutelle de Michèle Alliot-Marie. La nouvelle ministre de l'Intérieur a toutefois tenu à préserver son pré carré, en indiquant, hier, que la PAF n'a pas vocation à «basculer» vers l'Immigration. Ambiance.
 
Bercy s'éclate 
 
Le redécoupage de Bercy et des ministères sociaux, promis durant sa campagne par Sarkozy, est l'une des principales innovations du gouvernement Fillon.
 
Jean-Louis Borloo (Economie, Finances et Emploi) obtient un gros morceau avec tous les outils en matière de «défense» et de «promotion de l'emploi» .
 
Et aussi, un levier important, tout ce qui relève de l'industrie. Eric Woerth (Budget, Comptes publics et Fonction publique) est aussi responsable des finances publiques et il a la charge de préparer les lois de financement de la Sécurité sociale.
 
Ce redécoupage révèle un changement d'optique, l'emploi passant de la sphère sociale à la sphère économique, tandis que le Travail, portefeuille attribué à Xavier Bertrand, conserve tous les sujets relatifs au droit du travail ou encore au service minimum.
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